CLAUDIA (GENS)

CLAUDIA (GENS)

CLAUDIA GENS

Famille patricienne qui a donné à la Rome antique de nombreux hommes d’État. La gens Claudia a été fondée par Appius Claudius, d’origine sabine, qui vient à Rome avec quelque 5 000 clients en \CLAUDIA (GENS) 504. Il se montre un adversaire déterminé de la plèbe, refuse tout compromis lorsque celle-ci se retire sur le mont Sacré en \CLAUDIA (GENS) 493 et s’oppose au vote d’une loi agraire destinée à fournir des terres aux plus indigents. Tous les membres de la gens Claudia suivront cet exemple, et leurs actions politiques se caractériseront par leur volonté délibérée de réduire au minimum les pouvoirs législatifs et politiques de la plèbe. C’est le cas notamment d’Appius Claudius, fils du fondateur de la gens Claudia, qui défend les privilièges du patriciat en sa qualité de consul en \CLAUDIA (GENS) 471. Il fait décimer ses soldats qui le détestent, mais doit se suicider à la suite de cet acte cruel, après avoir été accusé par l’opposition populaire d’être un ennemi de la liberté (\CLAUDIA (GENS) 470).

Un autre Appius Claudius, consul en \CLAUDIA (GENS) 451, devient l’un des décemvirs chargés de rédiger une nouvelle constitution pour la République romaine. Il cherche à se concilier le peuple pour devenir dictateur, mais il lève le masque en tentant de séduire Virginie, la fille d’un plébéien, et en essayant de la faire passer pour une esclave, ce qui lui donne tous les droits sur elle. Le père préfère poignarder sa fille outragée; le peuple fait de Virginie une martyre, se soulève contre Appius Claudius, le contraint à se démettre, le fait jeter en prison et enfin étrangler (\CLAUDIA (GENS) 446).

Vient le temps des conquêtes; la gens Claudia est représentée par des hommes de guerre. Appius Claudius Caecus, l’Aveugle, censeur en \CLAUDIA (GENS) 312, se montre intransigeant à l’égard de Pyrrhus au cours de préliminaires de paix en \CLAUDIA (GENS) 279. Mais il est surtout connu comme le constructeur de la voie Appienne qui relie Capoue à Rome. Appius Claudius Caudex mérite son surnom de «tronc d’arbre» pour avoir fait, dit-on, passer son armée sur des radeaux lors du franchissement du détroit de Sicile, alors qu’il portait secours aux Mamertins, au commencement de la première guerre punique en \CLAUDIA (GENS) 264, année de son consulat.

Enfin Publius Claudius Pulcher, consul en \CLAUDIA (GENS) 249, commande la flotte romaine opposée à celle des Carthaginois. Comme les augures se montrent défavorables et que les poulets sacrés refusent de manger, il les fait jeter à la mer en disant: «Ils ne veulent pas manger? Eh bien qu’ils boivent.» Cette impiété lui est fatale et il est battu par Hasdrubal à Drepanum. C’est avec un autre Appius Claudius Pulcher, consul en \CLAUDIA (GENS) 54, gouverneur de la Cilicie (qu’il pilla) et partisan de Pompée, mort quelques jours avant la bataille de Pharsale, que s’éteint officiellement la gens Claudia, en ligne directe. Mais une autre branche plus éloignée et issue d’un fils d’Appius Claudius Caecus, qui avait pris le surnom de Nero (mot sabin qui veut dire brave), a donné à Rome trois empereurs, Tibère, Caligula et Claude. La branche des Marcellus, quant à elle, a compté deux généraux de grand renom: d’une part, Marcus Claudius Marcellus (\CLAUDIA (GENS) 268 env.-\CLAUDIA (GENS) 208), héros de la seconde guerre punique, de l’expédition contre Syracuse, et l’un des premiers vainqueurs d’Hannibal; d’autre part, Marcus Claudius Marcellus, consul en \CLAUDIA (GENS) 51, républicain opposé aux menées factieuses de César; ce dernier lui pardonna et le rappela d’exil (acte de clémence que Cicéron a immortalisé dans le Pro Marcello ), mais Marcus Claudius Marcellus fut tué par un esclave alors qu’il s’apprêtait à gagner Rome par mer.

Publius Appius Clodius fait partie aussi de la gens Claudia, mais il est le seul à se faire adopter par une famille plébéienne afin de devenir tribun du peuple et d’embrasser la cause du parti populaire. Devenu un puissant chef de faction, il est pendant quelques années le maître officieux de Rome où il fait régner la terreur; il fait exiler Cicéron, pille les propriétés et confisque les biens du tribun, donne aux consuls, afin de les attacher à sa cause, les gouvernements des plus riches provinces. Manœuvré par César qui voit en lui un moyen de faire trembler la République, il s’oppose bientôt à un autre homme de main, Milon. De véritables batailles rangées sont livrées par les partisans de Clodius et par ceux de Milon; lors d’une de ces rencontres meurtrières, Clodius est tué, en \CLAUDIA (GENS) 52; Milon, traduit en justice, est défendu par Cicéron, auteur du plaidoyer Pro Milone .

Très éclectique, la gens Claudia est aussi caractéristique de l’intransigeance des patriciens face aux revendications populaires, mais on peut mesurer son influence sur la République romaine si l’on sait qu’elle est parvenue, par l’intermédiaire de ses membres, cinq fois à la dictature, vingt-huit fois au consulat, sept fois à la censure, et qu’elle a obtenu six triomphes et deux ovations. Bilan éloquent à côté duquel la «trahison» de Clodius a peu de poids.

Encyclopédie Universelle. 2012.